#Rétro2020 Pros Samedi 02 Janv. 2020 à 08h54

Terrenoire, Coeurvert

Le groupe Terrenoire, révélation de l’année musicale en France, est un duo de frangins, originaire du quartier éponyme de Saint-Étienne. Raphaël, l’aîné. explique leur amour de l’ASSE et de la cité ligérienne.

Un article du Parisien a parlé de "mine d’or musicale", Libération leur a consacré sa Une et, la semaine dernière, M6 est venu spécialement à Saint-Étienne pour s’entretenir avec eux. Terrenoire a vécu une année 2020 pleine. Théo (24 ans) et Raphaël (30 ans) sont deux frères, deux Stéphanois. Leur quartier d’origine est devenu le nom de leur groupe de manière presque évidente. Un nom qui dit tout, ou presque, de l’histoire contemporaine de la ville.


Herrerias, le nom de famille des frangins, renvoie aux milliers d’Espagnols ayant fui la guerre civile faisant rage de l’autre côté des Pyrénées pour rejoindre l'Hexagone. Leur papa et ses frères, habitaient d’ailleurs à quelques encablures de Geoffroy-Guichard. Tout un symbole pour un duo fou des Verts qui, au pied du sapin, a récemment reçu un maillot de l’ASSE. Que les deux artistes ne quittent déjà plus. Interview 100% stéphanoise avec Raphaël, l’aîné.


On a récemment vu sur les réseaux sociaux que vous étiez rentré à Saint-Étienne durant les fêtes.

Mon frère et moi habitons Paris. C’est là que nous avons composé notre premier album. Malgré tout, on multiplie les allers-retours entre Saint-Étienne et la capitale. C’est un réel besoin. On n’a jamais coupé le lien avec notre ville et, de toute façon, maintenant qu’on s’appelle Terrenoire, on aurait du mal à le faire !


Dans tous les articles sur vous, on vous parle du quartier de Terrenoire en particulier et de Saint-Étienne en général. Pourquoi selon toi ?

C’est vrai que c’est une constante. On s’appelle Terrenoire parce que c’est le quartier de notre enfance et que beaucoup de choses nous y ramènent. Ça définit notre histoire. C’est ce territoire qui nous parle, qui nous plait, et qui fait que nous ne sommes Parisiens quand nous sommes à Paris. Récemment, sur Instagram, on a proposé aux gens qui nous suivent de poster les photos qu’ils voulaient voir de nous. La mention "montrez à quoi ressemble le quartier de Terrenoire" est celle qui est revenue le plus souvent. Ça nous rend très fiers et ça accroit notre attachement à nos origines. Si on peut dessiner l’imaginaire des gens sur Saint-Étienne, c’est génial.


On vous dit quoi quand vous dîtes que vous êtes Stéphanois ?

La première référence, c’est le foot ! Et on adore cela car on est de vrais fans de ballon rond et de l’ASSE, bien entendu. Ensuite, quand on nous demande de décrire notre ville, on s’attache à expliquer la gentillesse, l’humilité et la bonhomie des habitants. Ce sont de belles valeurs, à condition qu’elles ne soient pas handicapantes. Je trouve que les Stéphanois se montrent parfois complexés par leur ville et, pour moi, c’est une erreur. On n’a pas assez conscience de la richesse de notre territoire. Heureusement, c’est en train de changer. Nous, on est Stéphanois et on le revendique. On est très attachés à cette ville. On y a passé toute notre vie. Un grand-père à la Manu, l’autre à Creusot-Loire : tout ceci dit qui nous sommes.




Sur la pochette de votre premier album, on aperçoit un crassier en arrière-plan. On sent que l’histoire de la ville est prégnante dans votre musique…

On s’intéresse beaucoup à la sociologie de Saint-Étienne. La ville a longtemps été marquée par son passé minier et industriel. C’est la base de son identité. Aujourd’hui, il y a une autre histoire à raconter. Même si le regard de l’extérieur est parfois négatif, on s’en fout ! Les Stéphanois n’ont plus peur de dire d’où ils viennent et je trouve ça magnifique. Ce sont eux la vraie force de la ville, car ils l’incarnent. Quelque chose est en train de se passer à Saint-Étienne et la scène musicale en est un parfait exemple. Il y aujourd’hui plus d’artistes connus nationalement venant de chez nous que de Lyon ou Grenoble ! C’est à souligner. Comme dans toutes les villes qui ont souffert, l’art demeure. Et, Saint-Étienne, c’est aussi une ville cosmopolite. En classe, on avait des noms de familles qui venaient des trois quarts du globe. C’est beau, il faut le valoriser.


Dans le clip de "Ça va aller", on vous voit enfants dans la maison familiale de Terrenoire, puis à New York, où vous avez terminé votre album. Est-ce un peu la métaphore de votre évolution en tant qu’artistes ?

C’est un peu ça, oui. Prendre notre musique, confectionnée localement, et l’amener jusqu’aux États-Unis. Un très bon mixeur français vivant là-bas a travaillé avec nous. Étant français, il comprenait nos paroles, il comprenait qui nous étions, tout simplement. On chante notre identité. Juste avant le confinement, on a donc passé une semaine à New York a mixer les titres toute la journée. C’était dingue. Il y avait une petite partie de Sainté à New York.


On est très attachés à cette ville. On y a passé toute notre vie. Un grand-père à la Manu, l’autre à Creusot-Loire : tout ceci dit qui nous sommes


Comment est née votre passion pour l’ASSE ?

La maman de mon meilleur ami était la sœur de Jeannot Dées (*.) C’est lui qui a réveillé en nous cet amour pour le club. J’ai des flashes d’Alex et d’Aloisio. Ce sont mes premiers souvenirs de supporter. J’ai été marqué par la remontée en première division en 2004, l’envahissement du stade. On sent le bonheur des gens à travers l’amour qu’ils ont pour quelque chose. Chez nous, c’est l’amour de l’ASSE. Théo, mon jeune frère, me parle tout le temps de la victoire en Coupe de la Ligue. Plus que le trophée, la liesse le lendemain dans les rues lui est restée gravée. Quand tu revois les images du défilé, tu te dis : quelle autre ville peut te donner ça à vivre ?


Vous parlez à votre public sur scène, les footballeurs le font dans un stade. Quelles passerelles vois-tu entre les deux pratiques, musicale et sportive ?

Pour moi, ce sont deux choses qui se marient très bien. J’ai vécu les meilleurs moments de ma vie sur scène car il n’y a que là que j’ai pu sentir autant d’adrénaline et de décharge émotionnelle. J’aimerais d’ailleurs beaucoup en discuter avec un footballeur professionnel car je pense que ses émotions quand il joue sont similaires. La musique et le sport sont deux choses qui fédèrent et je pense qu’on a besoin de fédérer, surtout en ce moment. Avant de débuter un concert, quand on est sur le point de monter sur scène, ça me fait penser aux marches de la tribune qu’on monte avant le début du match. Tu sens un mélange d’excitation, de peur et de rage.


Geoffroy-Guichard pour un concert : ce serait une belle scène pour se produire en live, non ?

Ce serait… Non, je n’ai pas d’adjectif qui me vient en tête. Je m’imagine une scène circulaire au milieu du terrain comme ça on ne se couperait d’aucune partie du stade. Comme dans les stades anglais, les gens chanteraient une partie de nos chansons pour nous encourager. On rentrerait sur "Allez les Verts" car, comme ça, on est surs que tout le monde connaît les paroles. Ensuite, on invite Bernard Lavilliers, Mickey 3D, Zed Yun Pavarotti et plein d’artistes stéphanois. Et on fait la fête, tous ensemble. Entre "Stephs" ! Rien que d’en parler, j’ai la chair de poule.


(*) Originaire de Terrenoire, comme les deux frères Herrerias, Jeannot Dées a été entraîneur des gardiens de l’ASSE entre 1993 et 2010.


> À écouter

"Les forces contraires", le premier album de Terrenoire est disponible sur toutes les plateformes de streaming légales. Vous pouvez également découvrir les clips du groupe sur sa chaîne YouTube.


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