La qualification en souffrant

Le sort avait été pour le moins clément pour une formation stéphanoise courtisant Dame Coupe avec les yeux de Chimène. Évry, modeste club francilien, avait été le premier club à céder face à des Stéphanois appliqués, faisant le job et trouvant l'ouverture grâce à Titi Camara, Milan Luhovy et Miklos Molnar (1-3). Dans la foulée, une main innocente faisait bien les choses, offrant aux Ligériens la possibilité de défier dans leur jardin un adversaire hiérarchiquement inférieur, en l'occurrence Épinal (D2) du futur Parisien Jimmy Algérino. 

Les Verts, qui avaient ravi leurs supporters en s'imposant, deux mois auparavant, à Lyon dans le derby (0-2), eurent cependant toutes les peines du monde à franchir la ligne bleue des Vosges, ne devant leur salut qu'à une séance de tirs au but, en mode mort subite, en l'espèce parfaitement maîtrisée (1-1, 6 tab à 5). Ce 30 mars 1993, Jean-Claude Pagal, auteur de l'unique réalisation forézienne et ses coéquipiers venaient ainsi de valider leur ticket pour un huitième de finale. Là aussi, le score leur fut favorable : Pau, formation évoluant dans le Groupe Centre-Ouest de D3, étant appelée à fouler la mythique pelouse de Geoffroy-Guichard, un an après, jour pour jour, la catastrophe de Furiani; les 22 acteurs portaient d'ailleurs un crêpe noir en hommage aux victimes de ce drame survenu à l'occasion de la rencontre devant opposer Bastia à Marseille. 

Le péché de suffisance des Verts 

L'occasion était belle de décrocher son sésame pour les quarts. Sans trembler ni forcer son talent. Or, bien que dominant largement les débats et se créant des occasions franches à l'instar de Jean-Claude Pagal, Patrick Moreau ou Gérald Passi, le groupe, drivé par Jacques Santini, butera longtemps sur une phalange béarnaise solide, pugnace et un excellent Arnaud Sabonnadière, champion d'Europe juniors avec la France, dans les buts. Les coups de boutoir de Titi Camara et d'Étienne Mendy se révélèrent vains. Les Pyrénéens, dont les Verts a priori ne se faisaient pas une montagne, les poussèrent aux prolongations. Usés insensiblement par les vagues incessantes déferlant sur leur arrière-garde, les hommes de l'ex-Lillois et Brestois Slavo Muslin, privés des services du Roannais Nicolas Forge, suspendu, cédèrent enfin sur un corner direct de ce diable de joueur qu'était Lubomir Moravcik. Le moral en berne, K.-O debout sur ce cruel coup du sort, les Béarnais de l'excellent Laurent Lagaronne, transfuge des Girondins, mirent à nouveau un genou à terre et jetèrent définitivement l'éponge sur un terrible uppercut au menton, en l'occurrence une tête plongeante, œuvre de Milan Luhovy, idéalement alerté par Philippe Cuervo (2-0).  

Jacques Santini ne voulait retenir que le résultat. "Nous avons manqué de hargne et de détermination" quand Joseph-Antoine Bell pestait dans les colonnes de "La Tribune" : "Nous avons refusé de retenir la leçon d'Épinal. Nous avons failli le payer très cher..."

Six jours plus tard, la motivation était en revanche toute trouvée face à l'OM, leader incontesté en championnat et bientôt sur le toit de l'Europe grâce à un coup de boule monumental de Basile Boli face au Milan AC de Jean-Pierre Papin (1-0). Les Stéphanois, dans leur jardin, décrochèrent leur ticket pour le dernier carré (2-1, ap.). La capitale et la finale leur tendaient les bras. Las, Nicolas Ouédec et les Nantais de Coco Suaudeau climatisèrent le Chaudron (0-1), le 6 juin. 

Le rêve était passé. Il virera même au cauchemar, quelques mois plus tard, et l'élimination des Verts dès leur entrée en lice en Coupe de France, face à... Pau (1-1, 4 tab à 3).

Mercredi 5 mai 1993

À Saint-Étienne (Stade Geoffroy-Guichard), AS Saint-Étienne bat Pau FC : 2-0 après prolongation (0-0 au terme du temps réglementaire).

Arbitre : Jean-Marie Lartigot; 6 202 spectateurs.

Buts pour Saint-Étienne : Moravcik (105e), Luhovy (109e).

Avertissements à Pau : P. Plancque (105e), Legaz (112e).

ASSE. Bell - Deguerville, Cyprien, Kastendeuch, Moreau - L. Lambert (T. Camara, 61e), Pagal, Moravcik, G. Passi (Cuervo, 79e) - E. Mendy, Luhovy. Entraîneur : Jacques Santini.

PAU. Sabonnadière - Legaz, Rolling, Radovanovic, Cazenave - Lagaronne, Rabat, P. Plancque, Meudic - Thompson, Boutal. Entraîneur : Slavo Muslin.