Jean-Louis Gasset s'en est allé

Un sourire, un regard perçant bleu méditerranéen, lui le natif de Montpellier, où il avait suivi les pas de son père, Bernard, co-fondateur du MHSC. Un accent chantant, une espièglerie enfantine, et toujours le petit mot qui faisait (sou)rire. Une connaissance aiguisée du football, un regard comme nul autre pour déjouer les plans de l’adversaire et une science infinie du rectangle vert, son terrain de jeu depuis ses débuts en tant que joueur en 1969 et ses débuts à l’AS Béziers.

En ce vendredi 26 décembre, jour de la Saint-Étienne, Jean-Louis Gasset nous a quittés à l’âge de 72 ans. Avec lui, s’en vont de merveilleux souvenirs de ses 18 mois passés à l’ASSE, où il s’est fait une place de choix dans l’histoire moderne du club stéphanois, ainsi qu’un parcours unique, rempli de trophées et de succès.

Pionnier à Montpellier

Au milieu des années 70, et alors que l’ASSE domine le football français, Jean-Louis Gasset entame sa carrière. L’année 1975 sera d’ailleurs un tournant pour lui, puisqu’il débute en professionnel avec le Montpellier HSC, le club de sa vi(ll)e. Milieu de terrain de devoir, il y passera toute sa vie de joueur, conclue dix ans plus tard, après 263 rencontres officielles.

Il n’en a pas fini avec la Paillade puisque dans la foulée il devient entraîneur adjoint avant d’endosser le rôle de coach principal, à partir de 1998. Trois ans plus tard, il rejoindra le Paris Saint-Germain en tant qu’assistant de Luis Fernandez, qu’il suivra à l’Espanyol Barcelone, pour une première expérience à l’étranger.

Blanc-Gasset duo gagnant

C’est avec un ancien joueur de l’ASSE, Laurent Blanc, Vert entre 1993 et 1995 et qu’il a côtoyé à Montpellier, que Jean-Louis Gasset va ensuite garnir son palmarès. Vice-champion de France avec les Girondins de Bordeaux en 2007, le duo va ensuite remporter le triplé national en 2009 avec le club au scapulaire. Un exploit répété de 2014 à 2016 avec le Paris Saint-Germain, rejoint après une expérience à la tête de l’Équipe de France de 2010 à 2012.

À l’ASSE, un rendez-vous réussi avec sa jeunesse

« Vous savez pourquoi ce club restera le plus aimé par les Français ? Parce que, sans lui, ils seraient passés à côté de ce sport », expliquait Jean-Louis Gasset, en décembre 2018. L’entraîneur fêtait alors sa première année à la tête de l’ASSE, qu’il réussit à redresser en un rien de temps et voyait dans cette nomination un clin d’œil à ses amours de jeunesse.

Protecteur, homme aux mots pesés mais justes, le Montpelliérain impose rapidement sa patte. Lui le spectateur attentif des Verts de la grande époque, aidé par Ghislain Printant, un fidèle parmi les fidèles, redonne de la couleur à un club en difficulté après un début de saison raté. Vingt matches après ses débuts, les Stéphanois passent à un cheveu de se qualifier pour la Coupe d’Europe et réalisent une remontée historique (10 victoires, 5 matches nuls, 5 défaites). Trente-cinq points sur la seule phase retour, du jamais-vu, et un sourire retrouvé pour le Peuple Vert, dont il devient vite une coqueluche.
Sa casquette, religieusement vissée sur la tête, son timbre de voix rauque et sa tranquillité à toute épreuve sont autant d’atouts dans sa manche. Son carnet d’adresses fait le reste : Mathieu Debuchy, Neven Subotic et Yann M’Vila, notamment, lui font confiance et le suivent dans son pari stéphanois. Tous, malgré des carrières XXL aux quatre coins de l’Europe le respectent, l’écoutent et le suivent. Un guide, un patron, un père pour ses joueurs, et un grand-père accompli au civil. « Le plus beau compliment ? Quand mes petits-enfants me disent que je suis le meilleur papy du monde ! », avoue-t-il.

Confirmé à la tête de l’équipe première à l’été 2018, Jean-Louis Gasset mènera ensuite les hommes du capitaine Loïc Perrin, l’un de ses relais privilégiés, à une magnifique quatrième place. Un retour en Europe fêté par tout un stade même si l’homme, qui aimait la discrétion et l’ombre, ne se mettra jamais en avant. Dix-huit mois après son arrivée, le technicien qui voulait « redonner de la fierté aux gens » a réussi son pari (63 matchs, 31 victoires, 16 nuls).

Retour à Montpellier

Technicien de missions, il en accepte une « de 100 jours, pas plus » avec l’Olympique de Marseille, en février 2024. Là encore, il parviendra à laisser une trace dans le tumulte phocéen. Cinq victoires consécutives pour débuter, performance plus vue depuis 1962, et un parcours jusqu’en demi-finales de la Ligue Europa : l’homme a encore du coffre et, malgré la tempête, il parvient de nouveau à calmer les eaux.

S’il ne réussit pas à sauver son MHSC de la relégation au printemps 2025, il vit, un an plus tôt, une expérience écourtée à la tête de la Côte d’Ivoire, qu’il quitte au début d’une CAN finalement remportée en tant que pays hôte. Intelligent, il avait su faire un pas de côté. Et accompagner les Éléphants vers un titre attendu comme jamais au pays.

Ce vendredi 26 décembre 2025, à l’âge de 72 ans, Jean-Louis Gasset est décédé. Le football français est en deuil. Joueur, entraîneur, adjoint, capitaine de bateaux parfois mal amarrés, il aura toujours su mener ses embarcations sur la terre ferme et déjouer les vents contraires.

À son fils Robin, sa fille Coralie, sa maman Éliane, ses petits-enfants, ses proches et ses amis, l’AS Saint-Étienne présente ses plus sincères condoléances et partage leur peine. Le club n’oubliera jamais un homme qui a contribué à écrire les pages ineffaçables de son histoire, le gardera à vie dans son souvenir et lui rendra hommage à l'occasion de la réception de Montpellier, début février prochain.