Légende Anciens Verts Mercredi 02 Juin 2021 à 12h01

Christian Lopez : "L'étoile, on n'y pensait pas"

Capitaine de l'ASSE championne de France le 2 juin 1981, le héros de Kiev revient sur cet exploit XXL, à ce jour jamais égalé.

Cette saison 1980-1981 n'avait pourtant pas débuté sous les meilleurs auspices...
La saison précédente, on avait déjà abandonné le titre lors de l'avant-dernière journée après une sévère défaite à Bordeaux (5-1). Et on avait débuté cette saison-là par une nouvelle défaite en Gironde (3-0) et un échec à Bastia (2-1). Heureusement on a su redresser la barre.


Jusqu'à remporter ce 10e titre de champion de France qui a fait de l'AS Saint-Etienne le club recordman du championnat.
Les années se suivaient et se ressemblaient avec cette obligation de résultats, cette quête permanente d'Europe. On disposait d'un groupe imposant, étoffé, de talent afin de parvenir à nos fins.  Il y avait les anciens comme Jacques (Santini), Gérard (Janvion) ou moi, des jeunes qui pointaient le bout de leur nez comme Bellus, Zanon, Lestage ou Paganelli et des cadres recrutés lors des deux dernières années : Battiston, Rep, Gardon et bien sûr Platini. La politique du club avait changé. Les mentalités étaient différentes, la notion de groupe moins déterminante. Les saisons précédentes, on n'avait pas besoin de se parler, on se comprenait d'un regard. Un soir, alors qu'on était menés 2-0 à domicile contre Bastia, le stade a été plongé dans le noir en raison d'une panne d'électricité. On n'a pas échangé la moindre parole dans le vestiaire, ni Robby ni nous. On est revenus sur la pelouse en mode Coupe d'Europe. On l'a emporté 3-2. Le groupe primait. En 1980-1981, en revanche, on s'appuyait plus sur des individualités.


Notamment sur Michel Platini, un futur triple Ballon d'Or.
Il voyait le jeu plus vite que tout le monde. Il levait la tête et délivrait une transversale ou une ouverture dans la profondeur de quarante mètres dans les pieds. On louait bien évidemment sa qualité sur coups de pied arrêtés, mais dans le jeu, c'était un  phénomène.  Il pouvait éliminer un adversaire sur un simple contrôle. Il me faisait penser à Jean-Michel (Larqué). Lorsqu'on était dans la m..., on lui donnait le ballon et il se chargeait du reste! Johnny (Rep), également, était un joueur hors norme. Il pouvait gagner un match à lui seul quand il l'avait décidé et en avait l'envie !


Pourtant, c'est vous qui portiez le brassard de capitaine. Pourquoi?
Il y avait une tradition à Saint-Étienne : confier le capitanat au plus ancien. En 1979, j'avais succédé à Jacquot (Jacques Santini). Je dois avouer que j'ai été extrêmement fier de cette marque de confiance. J'étais, à mon sens, plus un leader de terrain qu'un leader de vestiaire. En outre, j'évoluais au poste de libero et j'avais une vue complète du jeu...


Vous êtes donc toujours, quarante ans plus tard, le dernier capitaine stéphanois champion de France. Quel souvenir gardez-vous de ce match du titre ?
Pour la dernière de la saison, on recevait Bordeaux, une équipe solide avec Trésor, Rohr, Bracci et Girard. Et elle était ntraînée par Aimé Jacquet. On n'avait pas le droit d'échouer une deuxième année consécutive. On devait gagner eton l'a fait grâce à Michel (Platini), auteur d'un doublé.  Cela n'a pas donné lieu à une grosse fête.  On avait encore une autre échéance d'importance : la Coupe de France. Hélas, elle ne nous a pas souri. On s'est inclinés en finale face à Bastia (2-1, le 13 juin au Parc des Princes).


Pour ce match face aux Girondins, aviez-vous suivi une préparation particulière ?
On s'était préparés comme pour une rencontre de Coupe d'Europe, à une exception toutefois, on n'était pas partis au vert. Il s'agissait en plus d'un dernier match à domicile. 


Dans les années 2000, Lyon dominait mais sa série s'est arrêtée à sept. On pouvait penser que le PSG nous rejoindrait cette saison mais cela n'a pas été le cas. Cela prouve qu'être champion n'est pas une chose aisée et ne relève pas de l'évidence.


Dans les années 70 et jusqu'au titre de 1981, le socle de l'ASSE restait constitué de joueurs formés au club.
En effet, on venait tous de l'extérieur : Dominique (Rocheteau), Alain (Merchadier), Gérard (Janvion), Jean-Michel (Larqué) ou Dominique (Bathenay) pour ne citer qu'eux. On avait tous été repérés par Pierre Garonnaire. En ce qui me concerne, c'est le père de Jacques (Santini) qui lui avait glissé mon nom. J'étais surclassé et il est venu me me voir lors des sélections pour l'equipe de France juniors. Je marchais pas trop mal à l'école et ma mère n'était pas trop encline à me laisser partir. Mon père, qui était un dingue de ballon, voyait les choses différemment. Pierre Garonnaire a su trouver les mots pour les convaincre. Lorsque je suis arrivé à l'ASSE, je côtoyais de très grands joueurs, Bosquier, Carnus, Mitoraj ou Herbin. On était lancés d'emblée dans le grand bain et on apprenait vite. Jamais je n'aurais imaginé devenir pro.


La formation est aujourd'hui au centre du projet sportif du club.
La politique sportive portée par Claude Puel est la plus pertinente. La formation, c'est l'ADN du club. La seule voie à suivre. La victoire en Gambardella était un bon signe. L'éclosion de Saliba ou Fofana également. On est parfois allés chercher ailleurs ce que l'on avait au centre. Il faut donner leur chance aux jeunes et, dans le même temps, ne pas se tromper sur les cadres qui doivent les guider.


Quarante ans après, aucun autre club n'a dépassé l'ASSE au palmarès du championnat de France 
?
En effet ! Mais l'étoile, on n'y pensait pas. Dans les années 2000, Lyon dominait mais sa série s'est arrêtée à sept. On pouvait penser que le PSG nous rejoindrait cette saison mais cela n'a pas été le cas. Cela prouve qu'être champion n'est pas une chose aisée et ne relève pas de l'évidence.


Cet ultime titre est aussi celui de Robert Herbin.
Robert était un grand Monsieur. Un précurseur. C'est lui qui est à l'origine de tout : la préparation athlétique et ses séances où l'on ne voyait pas le ballon, l'apport permanent d'un staff médical, l'intendance, les déplacements en avion qui nous permettaient de partir le matin d'un match, de le disputer et d'être au lit à une heure du matin. Nous disposions de structures avant-gardistes et de vidéos sur nos adversaires avant les matches de Coupe d'Europe. Tout ceci, on le devait également à Roger Rocher, le grand président de l'ASSE. Un homme magnifique, le patriarche, doté d'un fort tempérament. Lorsqu'en fin de saison, on négociait nos contrats, on le craignait. On discutait, en tête à tête, le bout de gras, seuls. À l'époque, il n'y avait pas encore d'agents! Je n'oublie pas également les membres associés. Ces supporters étaient extraordinaires.

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